Arterya, une révolution au service du personnel soignant

27 novembre 2020 By

Attendu par tous les praticiens, le dispositif Arterya s’attaque à un geste réalisé toutes les deux secondes en France : le gaz du sang, ou autrement dit, la prise de sang artérielle. Afin de réduire le nombre d’échecs de ces prélèvements et donc soulager les patients comme le personnel soignant, Arterya lance le dispositif Blood’Up ! Il s’agit d’un bracelet  indiquant avec précision la zone où effectuer le prélèvement. Un projet ambitieux porté une équipe de choc : Lucile Derly, diplômée du MSc Etudes et Décisions Marketing de NEOMA en 2019, et Nicodème Pellier, interne en chirurgie à l’hôpital de Tours.

Pourtant, à la base, rien ne les prédisposait à l’entrepreneuriat. « Mon rêve, c’était de devenir pilote de ligne ! » se souvient Lucile. « J’ai fait une prépa math sup math spé, avant d’apprendre que mes problèmes de vue ne me permettraient jamais d’exercer ce métier. J’étais complètement démoralisée. Malgré tout, comme j’aimais les sciences, je me suis dirigée vers une formation d’ingénieur en génie mécanique. » C’est au cours d’un de ses stages que Lucile se découvre une passion pour le marketing et décide de se former à NEOMA. « A l’époque, je ne pensais pas du tout à devenir entrepreneuse. Puis, un jour, mon ami d’enfance Nicodème m’appelle pour me parler d’un problème qu’il a identifié pendant son internat à l’hôpital : le gaz du sang. » Très courant et pourtant douloureux car difficile à réaliser, ce prélèvement échoue une fois sur trois. Les patients souffrent, les soignants stressent et perdent du temps, les hôpitaux perdent de l’argent. A ce jour, tout le monde est perdant. « Je me souviens de cette première discussion sur le projet. Pour Nicodème, c’était clair, il fallait qu’on agisse ! » Avec sa double casquette d’ingénieure et de spécialiste en marketing, Lucile complète parfaitement le profil médical de Nicodème.

Nous sommes en mai 2019. Alors en alternance chez Sanofi, Lucile entend parler du concours « Altern’up » organisé par EDF et décide d’y participer. « On a monté le dossier en 3 heures un soir, avant d’envoyer notre candidature à minuit. Et on a été sélectionné ! » Ils passent donc une semaine sur le campus EDF Paris-Saclay. « C’était vraiment surréaliste. Nous faisions partie d’un programme qui réunissait des entrepreneurs de tout secteur, plus ou moins avancés sur leurs projets et tous très motivés ! Nous avons assisté à plusieurs témoignages d’entrepreneurs expérimentés, rencontré des avocats, des experts-comptables, bref tout un écosystème dédié à la création d’entreprise. C’était très enrichissant ! » Le pitch de présentation en fin de séminaire les emmène en finale avec 13 autres projets. Ils ont ensuite 4 mois pour développer leur produit avant de se présenter devant le jury final. Entre temps, Lucile termine ses études à NEOMA et décolle pour la Nouvelle-Zélande. « J’ai toujours eu envie de découvrir le monde alors je suis partie et j’ai continué à développer le projet sur place. » En parallèle Lucile postule pour intégrer les Incubateurs de NEOMA et commence le coaching avec François Jolly, Responsable des Incubateurs. « Avec le décalage horaire, nos rendez-vous avaient lieu très tard pour moi et très tôt pour lui ! Je me posais sur la table de camping en pleine nuit, à côté du lampadaire, et François rejoignait son bureau tôt le matin pour m’accompagner dans mon développement. Il a été notre premier soutien. » Lucile participe au pitch à distance en octobre 2019 dans le cadre du Concours « Altern’up ». Puis, un jour du mois de novembre, à 4 heures du matin, son téléphone sonne « On a remporté le 1er prix, une dotation de 10 000 euros ! Je n’y croyais pas ! » Ce prix a été l’élément déclencheur, le moteur pour la suite. « C’est à ce moment précis que je me suis rendue compte que notre projet intéressait d’autres personnes que nous, qu’il avait un vrai potentiel. »

Pour cette diplômée qui aime voyager, la surprise est totale quand l’Incubateur de NEOMA lui propose de participer à un voyage d’études à San Francisco en janvier 2020. « C’était ahurissant ! Je partais pour la Silicon Valley, le berceau mondial de l’innovation ! » Au-delà des visites d’entreprises, de startups et d’accélérateurs, la rencontre qui marque le plus Lucile reste certainement celle avec Carlos Diaz, co-fondateur de l’accélérateur The Refiners. « Carlos m’a expliqué que le secteur de la santé était très porteur et que le potentiel de développement à l’international était énorme. Ses encouragements m’ont permis de prendre conscience de l’ambition du projet et de me projeter encore davantage vers l’avenir. » Un potentiel également révélé lors du Concours Coup de Pouce de la Fondation Le Roch – Les Mousquetaires, partenaire de NEOMA depuis plusieurs années, qui récompense Arterya avec le premier prix de 10 000 euros en juin 2020.

Aujourd’hui à 200% sur son projet d’entreprise, Lucile ne regrette rien. « Devenir une entrepreneuse était tout à fait inattendu, mais ce rôle me convient parfaitement. Je gère mon planning comme je l’entends, je développe un produit en accord avec mes valeurs, je peux recruter les collaborateurs de mon choix et adopter un management « familial » qui me ressemble, je vois directement les impacts de mon travail, c’est très gratifiant. A l’inverse, si j’échoue, il n’y a aucun garde-fou. C’est assez stressant, mais suite à mon voyage aux Etats-Unis, j’ai décidé d’adopter leur vision de l’échec qui fait partie intégrante de l’apprentissage dans la vie. L’expérience que je vis actuellement est d’une richesse incomparable et elle me permettra de rebondir, quelle que soit l’issue du développement d’Arterya. »

 

Cette confiance, Lucile a dû lutter pour l’alimenter, parfois envers et contre tous. Oui, « tous » car une femme entrepreneuse qui s’adresse aux chefs d’entreprise, aux investisseurs ou encore aux chirurgiens sans être elle-même médecin, se confronte encore aujourd’hui à des considérations sexistes. « Généralement c’est au début des échanges que je rencontre le plus d’animosité. Puis, ils apprennent que je suis ingénieure donc je remonte un peu dans leur estime. Et enfin, ils se rendent compte qu’un futur chirurgien fait partie des associés, alors leurs doutes s’estompent. C’est fatiguant de toujours devoir se justifier pour qu’ils comprennent que : oui, je suis une femme, non ce n’est pas une tare et oui il y a une certaine forme d’intelligence derrière ces cheveux blonds. Cela ne me décourage pas pour autant, au contraire, j’ai la rage ! » Une rage que Lucile met à profit pour booster le développement d’Arterya. Actuellement en recherche de fonds et en phase de prototypage intensive, Lucile et Nicodème visent la bourse « French Tech Emergence » de la BPI afin de financer la R&D à venir.

« On est parti de rien, mais j’espère bien aller très loin avec Arterya ! »

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